Ronds et Branles : Partons à la (re)découverte

Ronds et Branles : Partons à la (re)découverte...

Toute société humaine a ses traditions spécifiques, et au premier chef d'entre elles ses danses, véritable ciment de toute une communauté. Je vous propose de partir à la (re)découverte des danses collectives de France et du monde, celles qui sont les plus anciennes, héritées de l'époque médiévale et peut-être de temps antérieurs...
On le sait, Caroles et Rondes se dansaient en Europe au Moyen-âge, et, même si les pas se sont souvent perdus, il nous reste musiques et enluminures qui en témoignent, et sont une partie de notre mémoire. A la fin de la Renaissance, Thoinot Arbeau rassembla dans un ouvrage tous les Branles connus de son temps, et la manière de les jouer et de les danser.

Nombre de ses danses collectives subsistèrent dans les campagnes, en évoluant certes, mais sans interruptions notables, jusqu'à la fin du 19e siècle ou au début du 20e, où l'attrait des danses nouvelles en couple combiné à l'exode rural sonna leur déclin.
C'est justement à cette même époque que commencèrent les collectages, d'abord par les groupes folkloriques puis, dans les années 1970, par des musiciens "surfant" sur la vague Hippie-Retour à la terre, il faut le dire, mais les en remercier grandement.

De nos jours, certaines régions témoignent d'une grande vitalité à pratiquer et faire connaître ces danses, et on pense naturellement à la Bretagne et ses Fest Noz. Mais les Pays d'Oc (France méridionale) donnent leur part non négligeable à ce "Revival". Sans compter qu'ailleurs de par le monde, en Europe, au Moyen-Orient ou au Maghreb, elles font encore partie de la vie de la communauté.

Sur ce blog, vous trouverez videos, images, liens vers des sites dédiés. N'hésitez pas à venir apporter votre contribution, toutes les informations sur le sujet seront les bienvenues.

Nota - Vous trouverez partitions et extraits musicaux sur mon autre site Ronds et Branles (II) : http://dancairedoc.typepad.com/blog/

dimanche 30 janvier 2011

Rondeau de Gascogne


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La Gascogne est la terre du Rondeau, appelé en Langue d'Oc-dialecte gascon Rondèu (prononcé roundèou, en accentuant le "è") ou Rond (prononcé rount) selon la région. Les formes les plus ancienne se dansaient en rond (d'où le nom), puis évoluèrent vers la chaîne et plus récemment le couple.

On différencie, selon leur zone géographique d'usage, les rondeaux de type "Grande Lande",dansés en chaîne et "Petite Lande" ou "Samatan", dansés en couple. En Agenais se danse en couple le Branle du Haut Agenais, qui malgré sont nom est...un rondeau ! Une Ronde que l'on danse en Quercy a un pas très proche du rondeau Petite Landes. Dans les Landes se dansent aussi les rondas barradas (pr. roundos barrados), qui sont les rondes fermées.


Les instruments utilisés sont l'accordéon diatonique, le violon et, dans les Landes de Gascogne, une petite cornemuse appelée Boha (prononcé Bouho, en accentuant sur le "ou", du gascon Bohar, prononcé bouha, en accentuant sur la 'a", qui signifie "souffler").

La première video montre l'apprentissage d'un Rondeau type "Grande Lande". La deuxième présente la musique d'un rondeau type "Grande Lande" encore. Dans la troisième, il s'agit d'un rondeau type "Petite Lande" :

rondeau.avi
rondeau.avi




Branle d'Ossau - Béarn


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Le Branlo (prononcé Brànlou en accentuant le "a") est une des danses emblématiques du Béarn. Il en existe plusieurs formes : les Branles "à la corde", se dançant en ronde ou en chaîne et au son de la voix, et les Branles en couple, plus récents, se dansant au son des instruments, mais la règle n'est pas absolue. Les instrument de musique utilisés sont la flute, le tambour à cordes Tonton (prononcé Tountoun) et l'accordéon diatonique. Plus anciennement encore, le clarin (prononcé clari) et la samponha (prononcé sampougno, en accentuant sur le "ou"), qui est la cornemuse béarnaise.





Et voici les vidéos :

Danse ossaloise 3

Danse ossaloise 5




Danse ossaloise 7






Danse ossaloise 9

dimanche 9 janvier 2011

Contrapàs - Catalogne

Contrapàs de Prats de Mollo - Catalogne

Sardana curta (3) - Catalogne

Sardana curta "l'Art gros" - Catalogne

Sardana curta (2) - Catalogne

Sardana - Catalogne









Sardana curta - Catalogne



Ersko Kolo - Serbie

mardi 19 octobre 2010

Musique et danse en Kabylie

Henry Dubouloz dit Bou-Yabès - Récits et légendes de la Grande Kabylie
Musique kabyle - Alger, 1894 (Extraits)

Atlas marocain - Danse du mariage
Lorsque j'essaye de persuader des amis français que la musique kabyle est pleine de poésie, ils sourient ou ricanent, se bouchent les oreilles, comme si leur tympan était déchiré par la seule souvenance des notes criardes et des coups de tambour, frappés à tour de bras et entendus à bout portant. Ils ne peuvent en effet me comprendre ; ils n'ont pu apprécier cette musique qu'en "chambre" pour ainsi dire, lors d'une fête ou bien dans les rues d'une ville : elle est alors insupportable. Il faut à ces mélopées barbares et bruyantes un cadre approprié : un cirque de montagnes raides et pelées ou une plaine rousse sans limites et il faut, surtout, les entendre de loin. Elles ont alors un charme étrange, mais réel ; on s'explique que, malgré leur rythme monotone et triste, elles aient le privilège d'exalter les passions belliqueuses des Algériens ; elles pleurent avec eux leurs grandeurs passées et la perte de leur indépendance.

Lorsqu'après une longue étape, on aperçoit, se détachant sur le soleil couchant, le minaret du village où vous attend l'hospitalité, que, tout à coup dominant les you you des femmes, éclatent les notes sautillantes de la clarinette, que l'on entend de ravin en ravin gronder les coups graves des lourds tambours, alors seulement on apprécie la saveur de ces chants primitifs : ils se fondent dans la grandeur un peu morne des paysages d'Afrique et s'harmonisent avec le caractère des races qui peuplent ce vieux sol où l'on s'est tant battu, où l'on a tant souffert.

Algérie - Danseuses et musiciens
Un soir d'été, perché sur un grand roc de grès, je contemplais le ciel sans brumes et l'Occident violet où de petits nuages cuivrés et frangés d'or pâle montaient tumultueusement de l'horizon. Après une journée de courses, je jouissais à la fois dans le silence absolu de la campagne, du repos du corps lassé et de l'anéantissement délicieux de l'esprit. Soudain, à un coude brusque du sentier qui serpentait au fond d'un ravin, tout le cortège bruyant d'une noce kabyle apparut, rapetissé par l'éloignement et la hauteur.
En apercevant la vallée qui, toute jaune des chaumes, s'étendait flamboyante devant eux, les musiciens la saluèrent d'une aubade dont les échos, affaiblis par la distance, m'arrivaient cependant, nets et scandés, lorsque la noce franchissait une crète, plus doux et plus tristes du creux des ravins.

Après maintes roulades, les clarinettes entonnèrent à l'unisson la marche des Aït-Mokrane d'El-Kalaa. Le rythme m'en transporta, ainsi qu'en un songe, bien des siècles en arrière : les nuages de cuivre resplendirent comme des cuirasses et dans la lueur violette du couchant, je vis se heurter les guerriers et flamboyer les yatagans.
Avec l'air belliqueux, porté par le vent du soir, tout un souffle de guerre monta vers moi et, dans la plaine nue, se déroula l'épopée de la conquête du Maghreb et de l'Espagne.

Algérie - Musiciens et danseuse du Sud
Le cortège arriva au village et pénétra sous la voûte sombre des ghorfa : les enfants qui accompagnaient la mariée portant les présents de l'époux et la dot, entonnèrent leurs chants ; les grands plats de bois pleins de couscous blanc et de viandes bouillies circulèrent et, leur faim apaisée, les musiciens reprirent leurs accords : c'était le chant nuptial ; à ses appels, les femmes descendirent dans l'espace laissé libre devant la maison de l'époux et mimèrent le mystère qui allait s'accomplir ; l'antique danse du ventre tordait leurs chairs comme sous des baisers.

Maroc - Danse berbère

Fatigués, les musiciens s'étaient tus, les enfants sommeillaient, le silence s'appesantit de nouveau plus lourd, maintenant que les feux éteints n'animaient pas la nuit sans lune.
L'impression ne s'effaça point pourtant de mon esprit ; longtemps s'agitèrent à mes oreilles les frémissements des tambourins ; il y eut comme des ailes molles qui heurtèrent mes joues et je pensais que s'étaient les âmes de ceux qui ne sont plus qui se rappelaient à ma pensée. Avec le chant tour à tour triomphal et mélancolique des airs entendus qui revenaient très doux en mon esprit surexcité, je montais vers le ciel noir, où les fils retrouvent leurs pères et reposent encore leurs têtes sur le giron de ceux qui les ont tant aimés.


vendredi 8 octobre 2010

Cantigas de Santa Maria

Première Cantiga


Les Cantigas de Santa Maria sont l'œuvre d'Alphonse X le Sage (Tolède, 1221 - Séville, 1284), Roi d'Asturies, Castille et Léon (1252-84), Empereur d'Occident (1267-72). Il était d'une grande érudition, ce qui lui valut son surnom de Sage. C'est lui qui rétablit l'Université de Salamanque et fit dresser des tables astronomiques, appelées Tables alphonsines. Il fut aussi l'auteur de plusieurs ouvrages, dont une Histoire d'Espagne, et un Traité des Jeux. 
Mais son œuvre majeure, écrite en langue galicienne, reste les Cantigas, avec leur riche iconographie d'instruments et de costumes de ce 13e siècle, celui de Saint Louis IX en France, et que les historiens ont coutume de nommer le "beau Moyen-Âge". 
Je vous invite à aller découvrir l'ensemble, en cliquant sur le lien que j'ai inséré sur ce blog (colonne de droite, rubrique "Sur la toile").
Parmi toutes les enluminures que renferme le manuscrit, seule celle qui illustre la 1ère Cantiga, représente une danse : nous y pouvons voir, à l'arrière plan à gauche, trois hommes se tenant par la main, et formant une ronde.

Deuxième Cantiga